vendredi 27 décembre 2013

Le naufrage des têtes de mort !

La rébellion a un gros coup de mou. Certes cela fait bien longtemps que les têtes de mort et autres symboles de révolte sont passés dans le camp ennemi. Les gamines des beaux quartiers qui gambadent dans des pulls ornés de têtes de mort en strass : voilà qui donne depuis un temps certain une migraine de déprime aux vieux résistants du punk agonisant. Sans compter les analphabètes musicaux qui déambulent en pull ou tee-shirt orné du crâne si particulier, emblème du groupe punk-rock de légende The Misfits. Moins de 1 % de ces jeunes gens en phase dite de rébellion (on les a privés de poney ? On a confisqué leur iPhone 5 ?) est capable de citer un titre de ces musiciens authentiquement énervés. Cette usurpation a pris cet hiver une ampleur inouïe, grâce, paradoxalement, au retour en grâce du punk. Pas de la musique ou de ce que l'on peut aller jusqu'à qualifier de philosophie (plus personne ne veut la peau de la reine, tout le monde veut un futur) : mais de ses signes extérieurs.

Après le "consommez responsable" des écolos, voici le "consommez mais faites comme si vous étiez jeunes et rebelles" martelé par des profiteurs cyniques plus ou moins convaincants. Certes, parmi les adeptes du recyclage de tête de mort, tout le monde n'est pas à loger à la même enseigne. En vrai rebelle de cette industrie policée du style, l'Anglais Alexander McQueen (longtemps affublé de l'étiquette de "hooligan") s'était emparé de la tête de mort dès le début de sa carrière pour la semer sur des foulards, des tee-shirts et des bijoux. La plupart des adeptes du moment, surtout ceux qui ont passé la barre des 35 ans, ont des motivations superficielles limitées à l'effet mode et strictement décoratif de ce motif. Appelons cela le "syndrome Avril Lavigne". Il touche sévèrement des personnes n'ayant jamais montré de véritable intérêt pour le rock ou le style vestimentaire qui va avec mais qui décident soudain de donner une suite à leur crise d'adolescence. Laquelle, comme toutes les "sequels", n'aura jamais la saveur de l'originale.

Et puis cela pourrait être pire : à ce stade de régression, on n'est plus très loin d'une crise de "Hello Kitty".

Source: lemonde.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire